
Dans de nombreux domaines, allant du journalisme à l’éducation, en passant par les arts et le monde des affaires, une nouvelle idéologie se fait jour. Ce courant, souvent appelé « wokisme », est accompagné d’un phénomène connexe, la « cancel culture », qui altère profondément notre époque. Lorsque ces concepts sont poussés à l’extrême et deviennent une forme d’autoritarisme intellectuel, ils peuvent altérer nos relations, affaiblir les fondations de la démocratie et creuser des divisions dans une société déjà polarisée. Paradoxalement, cette approche peut alors saper l’objectif initial et noble qu’elle cherche à atteindre : mettre en lumière et rectifier les injustices subies par les groupes marginalisés, et valoriser la richesse de la diversité.
Bien que le terme « wokisme » soit relativement récent dans la langue française, il est souvent utilisé pour désigner, parfois de manière critique, un mouvement qui se présente comme défenseur d’une vision progressiste de la justice sociale. Cependant, l’utilisation excessive et non discriminante de ce mot tend à le rendre vague, le transformant en une étiquette généralisatrice utilisée pour dénigrer diverses opinions ou groupes.
Etonnamment, rares sont ceux qui embrassent nouvelle idéologie et se proclament véritablement ‘wokistes’. Cette expression est devenue un instrument rhétorique, brandi pour écarter les individus désireux de discuter de sujets touchant aux disparités. Sous l’étiquette ambiguë du ‘wokisme’, on regroupe divers combats sociaux, qu’il s’agisse de l’égalité, de la justice ou de la défense des minorités. Cependant, certains de ses outils contestables, tels que la censure, le jugement rétrospectif du passé (cancel culture) ou les campagnes d’intimidation sur le net, sont mis en avant pour discréditer ces mouvements. Par extension, la critique du ‘wokisme’ s’est muée en une remise en question des notions progressistes elles-mêmes, souvent associées à la gauche.
Le terme ‘wokisme’, dérivé de ‘woke’ et augmenté du suffixe -isme, souvent utilisé pour connoter négativement, est originellement un anglicisme. Introduit vers le milieu des années 2010, il faisait référence à quelqu’un conscient des injustices et aspirant à un monde meilleur. Pourtant, au tournant de la décennie, ce mot, autrefois fièrement revendiqué, est devenu péjoratif. Il est à craindre que le ‘wokisme’, plutôt que de promouvoir un débat constructif, ne crée davantage de divisions et n’éclipse l’essentiel de ce pour quoi il se bat.
Lorsque ce mouvement est utilisé comme un outil de conformité intellectuelle, il contamine les interactions sociales, menace les fondements démocratiques et accentue les fissures dans une société déjà fragmentée. En fin de compte, il échoue dans sa mission principale qui devrait être de mettre en lumière et d’aborder les inégalités subies par les minorités.
Comment peut-on valider les préoccupations des minorités sans négliger les droits de la majorité? Malheureusement, la réponse à cette question, dans le contexte actuel, est souvent marquée par des antagonismes et des confrontations, menant à davantage de divisions au lieu d’un progrès tangible pour les minorités concernées.
Bien que le mouvement ‘woke’ prétende s’attaquer aux inégalités, ses méthodes et son discours actuels semblent contre-productifs et nécessitent une réévaluation sérieuse pour servir au mieux les intérêts de la société dans son ensemble. A entendre les défenseurs de cette idéologie, il sera bientôt honteux d’ avoir une vie qui rejoint celle de la moyenne statistique des individus…