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Au sujet des origines médiévales du droit international.

Au sujet des origines médiévales du droit international

L’une des contributions les plus importantes de l’époque médiévale au droit international est le développement de la diplomatie. Bien que l’idée de négociation et de communication entre les nations ne soit pas unique au Moyen Âge, c’est pendant cette période que de nombreux éléments fondamentaux de la diplomatie moderne ont été codifiés. En effet, le Moyen Âge a vu une prolifération de traités de paix, d’alliances et d’accords commerciaux. Ces documents établissaient les droits et les devoirs des parties signataires, et régulaient leurs relations. Ces traités, largement utilisés tout au long de cette période, ont posé les bases de la diplomatie moderne. Ils permettaient aux nations de coexister pacifiquement en formant des alliances, en établissant des frontières et en assurant la sécurité. Ces traités ont servi de modèle à de nombreux aspects de la diplomatie moderne, de la gestion des conflits à la promotion de la coopération internationale. Parmi ces traités, la Magna Carta de 1215 se distingue. Bien que souvent perçue comme une pierre angulaire des libertés civiles en Angleterre, elle a également une signification plus large en tant que précédent majeur pour l’établissement de normes juridiques internationales. Par exemple, elle codifiait le principe selon lequel aucun individu, même le roi, n’est au-dessus de la loi, une idée fondamentale dans le droit international moderne.

Outre la diplomatie, le droit international a également été profondément influencé par les principes du droit canonique développés par l’Église catholique pendant le Moyen Âge.

L’Église médiévale avait une influence considérable non seulement en termes de religion mais aussi de droit. Le droit canonique était un système sophistiqué qui régissait tous les aspects de la vie de l’Église, des questions théologiques aux affaires séculières. Ce système de droit a développé de nombreux concepts qui ont par la suite influencé le droit international. L’un de ces concepts est l’idée de « jus cogens », une norme fondamentale du droit international que nul État ne peut violer. Cette idée a ses racines dans le droit canonique qui postulait l’existence de lois divines inaltérables que tous doivent respecter. Cette notion s’est progressivement élargie pour englober non seulement les lois divines, mais aussi les principes de justice et de droit naturel qui en découlent.

Un autre apport essentiel des penseurs médiévaux à la formation du droit international moderne concerne les règles régissant la conduite de la guerre. La doctrine de la guerre juste, développée par des théologiens comme Saint Augustin et Thomas d’Aquin, a établi des principes selon lesquels une guerre peut être justifiée. Ces principes englobent l’idée que la guerre doit être le dernier recours, qu’elle doit avoir une cause juste et être déclarée par une autorité légitime.

Plus tard, des philosophes et juristes comme Hugo Grotius et Emmerich de Vattel ont élaboré ces concepts, en y intégrant des idées comme le respect des non-combattants et l’interdiction de l’usage excessif de la force. Ces principes sont devenus les pierres angulaires du droit humanitaire moderne et du droit de la guerre, qui sont intégrés dans les conventions de Genève et d’autres traités internationaux.

Le concept de souveraineté, qui est au cœur du droit international, a également été façonné pendant le Moyen Âge. Les royaumes médiévaux étaient caractérisés par une structure de pouvoir décentralisée où les seigneurs locaux jouissaient d’une grande autonomie. Cette décentralisation a conduit à l’émergence du concept de souveraineté où chaque seigneur – et plus tard chaque État-nation – avait le droit d’exercer le pouvoir absolu sur son territoire. Cette idée de souveraineté a continué à évoluer et est devenue un pilier du droit international moderne. Aujourd’hui, le principe de la souveraineté des États et du respect de leur indépendance et de leur intégrité territoriale est consacré par la Charte des Nations Unies et d’autres traités internationaux.

Enfin, il serait difficile de parler des racines médiévales du droit international sans mentionner l’évolution du droit de la mer. Pendant le Moyen Âge, la mer était considérée comme un espace libre et ouvert à tous. Cependant, avec l’expansion des empires maritimes, la nécessité de règles régissant l’usage des océans est devenue évidente. La doctrine de la liberté des mers, élaborée par le juriste hollandais Hugo Grotius au 17e siècle, a posé les bases du droit maritime moderne. Cette doctrine stipule que la mer est un territoire international libre et ouvert à tous les États pour la navigation et le commerce : ce qui fut exactement la reprise de la conception médiévale de l’ espace maritime. Ce principe est maintenant intégré dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui réglemente toutes les questions relatives à l’usage des océans. Ainsi, le Moyen Âge laisse encore et toujours ses traces conceptuelle au sein du droit maritime actuel.

Oui, cette riche période médiévale a laissé une empreinte indélébile sur le droit international. De la diplomatie à la guerre, en passant par la souveraineté et le droit de la mer, de nombreux concepts fondamentaux du droit international ont été façonnés par les penseurs catholiques, qu’on le veuille ou non.

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