
George Berkeley, également connu sous le nom de Monseigneur Berkeley, fût un philosophe irlandais du XVIIIe siècle. Né le 12 mars 1685 à Dysart Castle, près de Thomastown en Irlande, Berkeley est considéré comme l’un des principaux représentants de l’idéalisme subjectif et de l’empirisme britannique.
Berkeley est surtout connu pour sa théorie de « l’esse est percipi » souvent exprimée par la formule latine « esse est percipi aut percipere » qui signifie « être, c’est être perçu ou percevoir ». Selon Berkeley, l’existence des objets matériels dépend de leur perception par un esprit conscient. Il rejetait l’idée d’une réalité matérielle indépendante de l’esprit affirmant que tout ce qui existe est perçu directement par l’esprit ou est causé par un esprit.
Sa philosophie idéaliste et son argumentation contre le matérialisme ont influencé des penseurs ultérieurs tels que David Hume et Immanuel Kant. Berkeley a également formulé des critiques contre les concepts philosophiques de l’espace et du temps, remettant en question leur existence en dehors de l’esprit humain.
Parmi les œuvres les plus célèbres de Berkeley, on peut citer « Principes de la connaissance humaine » (1710) et « Trois dialogues entre Hylas et Philonous » (1713), dans lesquelles il développe et défend ses idées philosophiques. Si on y procède attentivement, la lecture des Trois dialogues entre Hylas et Philonous finit par faire perdre la tête et faire douter légitimement de l’ existence du monde extérieur. Je me suis prêté à cet exercice : verdict déroutant !
Berkeley était également un homme d’église et a été ordonné évêque de Cloyne en 1734. Il a consacré une partie de sa vie à des activités philanthropiques et a fondé une université en Amérique qui est aujourd’hui l’Université de Californie à Berkeley, nommée en son honneur.
George Berkeley est décédé le 14 janvier 1753 à Oxford laissant un héritage philosophique durable qui continue d’être étudié et discuté par les philosophes contemporains.
La thèse immatérialiste de Berkeley, également connue sous le nom d’idéalisme subjectif, est au cœur de sa philosophie. Selon Berkeley, l’existence des objets matériels dépend entièrement de leur perception par un esprit conscient. Il nie l’existence d’une réalité matérielle indépendante de l’esprit et affirme que tout ce qui existe est perçu directement par l’esprit ou est causé par un esprit.
Pour Berkeley, l’essence des choses réside dans leur perception et les objets n’ont pas d’existence autonome en dehors de l’esprit qui les perçoit. Il soutient que les objets matériels n’ont pas de réalité objective en soi mais qu’ils sont plutôt des collections d’idées perçues par l’esprit.
Notre philosophe fait valoir que nous ne pouvons pas percevoir directement les objets matériels en tant que tels mais seulement les sensations et les idées qui en découlent. Par exemple, nous percevons une pomme non pas en tant qu’objet matériel indépendant mais en tant que combinaison de sensations visuelles,
tactiles, olfactives, etc. Ainsi la réalité de la pomme réside dans la perception que nous en avons plutôt que dans une existence indépendante.
Une conséquence importante de cette thèse immatérialiste est la remise en question de la notion de causalité matérielle. Selon Berkeley, les objets matériels ne peuvent pas être la cause des sensations que nous éprouvons car ils n’ont pas d’existence en dehors de notre perception. Au lieu de cela, Berkeley soutient que les idées et les sensations sont causées par Dieu qui les produit directement dans nos esprits.
En développant sa thèse immatérialiste, Berkeley s’oppose à la thèse dominant de son époque qui considérait la matière comme la substance fondamentale de l’univers. Il propose plutôt une vision idéaliste où l’esprit joue un rôle central dans la création et la perception de la réalité.
Bien que la thèse immatérialiste de Berkeley ait été critiquée et suscité des débats philosophiques, elle a également influencé des penseurs ultérieurs tels que David Hume et Emmanuel Kant qui se sont intéressés aux questions de la perception de la réalité et de la connaissance.
Mais permettez-moi de revenir sur ce livre déconcertant et passionnant qu’ est « Trois dialogues entre Hylas et Philonous » :
Comme je l’ écrivais plus haut, cet ouvrage est l’une des œuvres les plus importantes de George Berkeley, publiée en 1713. Cette oeuvre est écrite sous la forme de dialogues entre deux personnages, Hylas et Philonous, qui représentent respectivement les positions du matérialisme et de l’idéalisme.
Dans les dialogues, Hylas, qui incarne le matérialisme, soutient l’existence de la réalité matérielle indépendante de l’esprit et défend la croyance en des objets matériels existant en dehors de notre perception. Philonous, représentant l’idéalisme de Berkeley, conteste ces idées et cherche à démontrer que les objets matériels sont en réalité des idées perçues par l’esprit.
Le dialogue se concentre sur des discussions philosophiques profondes, notamment sur la nature de la perception, de la réalité et de la causalité. Philonous expose ses arguments en utilisant des exemples concrets pour démontrer que notre perception des objets dépend de notre esprit et que les objets matériels n’ont pas d’existence indépendante.
L’un des arguments clés de Philonous est l’argument de la vision. Il explique que la perception visuelle implique une expérience d’images, de formes et de couleurs qui ne peuvent pas être réduites à une réalité matérielle distincte. Il soutient que notre perception des objets dépend de notre esprit et que les objets n’existent que dans la mesure où ils sont perçus.
Berkeley utilise également le concept de la causalité pour remettre en question l’existence d’une réalité matérielle indépendante. Il soutient que les idées et les sensations que nous avons sont causées directement par l’esprit de Dieu, plutôt que par des objets matériels.
À travers ces dialogues, Berkeley cherche à convaincre Hylas et le lecteur de l’invalidité du matérialisme et de la justesse de l’idéalisme. Il explore les implications philosophiques de sa thèse immatérialiste et expose les fondements de sa vision idéaliste selon laquelle la réalité dépend de la perception par l’esprit.
« Trois dialogues entre Hylas et Philonous » a eu une influence significative sur la philosophie occidentale et a suscité des débats et des réflexions profondes sur la nature de la réalité, de la perception et de la connaissance. L’œuvre est considérée comme un texte clé dans le développement de l’idéalisme subjectif et reste une contribution majeure à la philosophie de l’époque moderne.
La physique quantique vient-elle au secours de Berkeley ?
La thèse immatérialiste de Berkeley, qui nie l’existence d’une réalité matérielle indépendante de l’esprit, peut sembler en contradiction avec les découvertes de la physique quantique. La physique quantique est une branche de la physique qui étudie le comportement des particules subatomiques et les lois qui les régissent.
La physique quantique a révélé des phénomènes tels que la superposition quantique, l’intrication et l’effondrement de la fonction d’onde, qui remettent en question notre compréhension traditionnelle de la réalité matérielle. Elle suggère que la réalité est intrinsèquement probabiliste et que les particules peuvent exister dans des états superposés jusqu’à ce qu’elles soient observées ou mesurées.
Ces découvertes de la physique quantique ont conduit à des interprétations diverses et parfois spéculatives quant à la nature de la réalité. Certaines de ces interprétations comme l’interprétation de Copenhague se concentrent sur l’importance de l’observation et de la mesure dans la détermination de la réalité. Cette interpretation semble être en accord avec l’idée de Berkeley selon laquelle la réalité dépend de la perception par l’esprit.
Cependant, il est important de noter que la physique quantique ne soutient pas directement la thèse immatérialiste de Berkeley. Les concepts et les théories de la physique quantique sont souvent abstraits et mathématiques et ils ne fournissent pas de preuves directes pour soutenir ou réfuter une position philosophique spécifique.
Il faut aussi souligner que la physique quantique s’applique au monde subatomique et ses principes ne sont pas toujours directement transférables à l’échelle macroscopique de notre expérience quotidienne. La physique quantique décrit le comportement des particules élémentaires, tandis que les objets macroscopiques avec lesquels nous interagissons ont une existence plus complexe et peuvent être influencés par de nombreux facteurs. L’évaluation de la thèse immatérialiste de Berkeley à la lumière de la physique quantique reste une question philosophique et épistémologique. Certes, la physique quantique a ouvert de nouvelles perspectives sur la nature de la réalité mais elle n’a pas fourni de réponse définitive aux questions philosophiques relatives à l’existence de la réalité matérielle indépendante de l’esprit.
Il convient également de souligner que la thèse immatérialiste de Berkeley est une position philosophique qui repose sur des arguments rationnels et des considérations métaphysiques tandis que la physique quantique est une discipline scientifique qui utilise des méthodes empiriques et mathématiques pour étudier le monde naturel.
La psychanalyse lacanienne plaide t’ elle en faveur de la thèse immatérialiste ?
La psychanalyse lacanienne, développée par le psychanalyste français Jacques Lacan, propose une approche complexe et multidimensionnelle de la psyché humaine. Elle se concentre sur des concepts tels que le langage, le symbolique et l’inconscient. Elle explore les dynamiques de la subjectivité et de la construction de la réalité.
Dans la perspective lacanienne, la réalité est considérée comme étant construite par des structures symboliques et linguistiques qui influencent la façon dont nous percevons et comprenons le monde. Lacan souligne l’importance du langage et des signifiants dans la formation de notre expérience et de notre perception de la réalité.
En relation avec la thèse immatérialiste de Berkeley, la psychanalyse lacanienne met l’accent sur le rôle de l’inconscient et du symbolique dans la construction de la réalité subjective. Selon Lacan, nos perceptions et nos expériences sont façonnées par des structures symboliques qui opèrent au niveau de l’inconscient et qui nous échappent souvent.
Dans cette perspective, la réalité matérielle est filtrée et médiée par des processus psychiques et notre expérience de la réalité est influencée par des facteurs tels que nos désirs, nos fantasmes, nos identifications et nos croyances inconscientes.
Bien que la psychanalyse lacanienne ne se positionne pas explicitement sur la question de l’existence d’une réalité matérielle indépendante de l’esprit, elle met en évidence la manière dont la réalité est construite et façonnée par des mécanismes psychiques et symboliques. Elle souligne également l’importance des représentations et des significations dans notre expérience de la réalité.
Dans ce contexte, la thèse immatérialiste de Berkeley pourrait être interprétée comme s’inscrivant dans la logique lacanienne de la construction symbolique de la réalité. Elle met en avant le rôle de la perception et de l’esprit dans la création de la réalité en accord avec l’importance accordée par Lacan aux structures symboliques et à l’inconscient.
Notons cependant que la psychanalyse lacanienne est une théorie complexe et sujette à diverses interprétations. Les discussions et les débats autour de la nature de la réalité matérielle et de la construction symbolique de la réalité restent des questions philosophiques et épistémologiques ouvertes.
Quelles perspectives pour la thèse principale de notre philosophe ? La thèse immatérialiste de Berkeley suscite des débats dans la philosophie contemporaine mais elle n’est pas largement acceptée. Certaines de ses idées ont trouvé écho dans des domaines comme la philosophie de l’esprit et la phénoménologie qui mettent l’accent sur la subjectivité et la construction de la réalité à travers la conscience. L’avenir de l’immatérialisme de Berkeley dépendra des développements futurs dans ces domaines et de l’émergence de nouvelles perspectives sur la réalité, la perception et la conscience.

Alexandre