
C’est une scène malheureusement trop courante de nos jours. Claudine, une dame d’âge respectable, a choisi une belle journée ensoleillée pour faire ses courses. Avec l’effort visible, elle porte deux sacs lourds, remplis de victuailles et de nécessités quotidiennes. Elle avance laborieusement, tenant fermement ses sacs, en suivant le rythme de la ville qui s’anime autour d’elle. Tout à coup, sans prévenir, une silhouette surgit de nulle part. C’est un individu absorbé par l’écran lumineux de son téléphone, complètement déconnecté de la réalité environnante. Dans une inconscience coupable, cette personne percute Claudine avec une telle force qu’elle manque de tomber. Un de ses sacs se renverse sur la chaussée et deux bouteilles en verre se brisent alors que le reste des courses est répandu sur le trottoir. Il est révoltant de penser qu’un simple gadget électronique puisse distraire quelqu’un au point de ne pas remarquer une femme qui porte à bout de bras deux lourds sacs de courses. C’est non seulement un manque de respect envers Claudine mais aussi un témoignage de l’égoïsme et de l’insensibilité qui peuvent découler d’une utilisation abusive des smartphones.
Il est devenu courant, voire tristement banal, de voir des individus naviguer dans les rues, complètement absorbés par leur smartphone, totalement déconnectés de leur environnement immédiat. Ce phénomène prend une dimension alarmante lorsqu’il devient source d’incivilités, allant jusqu’à bousculer les autres passants, comme si l’écran de leur appareil avait priorité sur les interactions humaines réelles.
Cette situation soulève un certain nombre de problèmes. D’abord, il y a la question de la sécurité. Les trottoirs sont partagés par les piétons, les cyclistes, parfois même par les voitures dans les zones urbaines denses. Lorsque quelqu’un ne regarde pas où il va, il met non seulement sa propre sécurité en jeu mais aussi celle des autres. Les accidents peuvent arriver en une fraction de seconde et un simple moment d’inattention peut avoir des conséquences dévastatrices. Ensuite, il y a la question du respect de l’autre. Bousculer quelqu’un parce que vous étiez trop absorbé par votre téléphone est tout simplement irrespectueux. Cela dénote une absence de considération pour ceux qui vous entourent, une forme d’égocentrisme qui semble être devenue la norme dans notre société hyper-connectée. Pourtant, nous vivons dans un monde où l’attention est une denrée de plus en plus précieuse et où le temps est souvent considéré comme notre bien le plus cher. Ignorer les gens autour de nous et les traiter comme de simples obstacles sur notre chemin est un signe flagrant de manque de respect et de décadence civilisationnelle. Ce comportement contribue à l’érosion de notre sens communautaire. Le simple fait de partager un regard, un sourire ou un geste de courtoisie peut avoir un impact significatif sur la qualité de notre vie sociale. En nous coupant de ces interactions en privilégiant la connexion virtuelle, nous nous isolons de plus en plus de nos concitoyens et la société se défait.
Cette obsession addictive de l’écran de nos smartphones pose la question de notre dépendance à la technologie. Est-ce vraiment une façon saine de vivre que de laisser nos appareils dicter notre comportement, au point de bousculer les autres sans même s’en rendre compte ? C’est une interrogation que nous devons tous nous poser car la réponse pourrait bien définir l’avenir de nos interactions sociales.
Allumons nos cerveaux et éteignons nos smartphones au moins lorsque nous marchons dans la rue ! Faisons preuve d’empathie envers les autres et faisons l’effort d’être présents dans le moment plutôt que perdus dans le monde numérique. Le respect des autres commence par le respect de leur espace et de leur présence. Faisons de la civilité une priorité.
Il est alors essentiel d’examiner nos habitudes et de comprendre comment nos appareils mobiles ont pu devenir des extensions de nous-mêmes, influençant nos comportements de manière si négative. Peut-être est-ce l’attrait irrésistible de l’immédiateté que la technologie offre, nous permettant d’accéder instantanément à une mine d’informations et de divertissements. Peut-être est-ce l’illusion d’être constamment connectés même si cette connexion est souvent superficielle et dénuée de véritable interaction humaine. Mais une chose est sûre : le respect de l’autre, l’empathie et la conscience de soi sont des valeurs essentielles qui sont menacées par cette pratique. En faisant passer notre monde numérique avant notre environnement immédiat, nous risquons de nous couper des expériences humaines authentiques qui donnent de la valeur à notre vie quotidienne.
L’incivilité que représente le fait de bousculer les gens dans la rue parce qu’on est trop occupé à regarder son téléphone est symptomatique d’un problème sociétal plus large. Il est donc plus que jamais nécessaire de revoir notre rapport à la technologie. Il ne s’agit pas de rejeter en bloc les outils numériques mais plutôt de développer une utilisation plus consciente et respectueuse de ces outils. La technologie est un merveilleux outil mais elle ne devrait jamais se substituer à nos interactions humaines. Il est temps de lever les yeux de nos écrans, d’apprécier le monde qui nous entoure et de traiter chaque individu avec le respect qu’il mérite. Dans un monde de plus en plus interconnecté rappelons-nous que les connexions les plus importantes sont celles que nous établissons avec les autres au sein même de la vraie réalité. L’ image d’ une chose ne remplacera jamais cette chose.