fb_pixel

J’ai décidé de ne plus acheter de livres publiés après janvier 2023 !

J'ai décidé de ne plus acheter de livres publiés après janvier 2023 !

Dans l’univers du livre, un spectre hante désormais les couloirs des bibliothèques et les maisons d’édition : ChatGPT, une intelligence artificielle redoutablement efficace. Ce programme, alimenté par des algorithmes de deep learning, a une capacité de production littéraire qui surpasse l’humain en termes de rapidité et de volume. Cependant, ces « talents » cachent une menace insidieuse et gravissime pour la littérature authentique.

ChatGPT n’a pas seulement aspiré la totalité d’Internet jusqu’à 2021, il a aussi englouti une quantité astronomique de livres, plus qu’aucun être humain ne pourrait en lire au cours de plusieurs vies. Un tour de force ? Peut-être, si l’on considère la lecture comme un simple processus de consommation. Mais qu’en est-il de l’interprétation, de l’expérience, de l’émotion ? De nombreux ouvrages générés par cette IA ont commencé à se frayer un chemin sur la plateforme Kindle d’Amazon, et certains sont même signés « Chat GPT » en tant qu’auteur ou co-auteur. Le livre pour enfants « Sammy l’écureuil », écrit par Brett Schicker et co-créé avec ChatGPT, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. En dépit de la vente réussie de ce « livre », nous ne devons pas nous laisser leurrer par le mirage de facilité et de rapidité qu’offre cette technologie.

Cette IA, qui prend déjà une place controversée dans le milieu scolaire, menace maintenant la sphère de l’édition et la profession d’auteur elle-même. ChatGPT pourrait-il remplacer l’acte créatif, l’effort de l’écriture, l’émotion qui transpire à travers les mots d’un auteur ? Nous avons tendance à croire que le talent réside dans la capacité à donner des instructions précises à la machine. Cependant, cela pourrait signifier la fin de l’art de l’écriture au profit de l’art des consignes ! De nombreux auteurs voient en cette évolution technologique une menace pour leur métier et leur passion, tandis que d’autres, en quête d’inspiration, y voient une opportunité. Mais peut-on vraiment parler de littérature quand elle est produite par une machine dépourvue de toute émotion, de tout vécu ?

Il est temps de nous interroger sur les conséquences de laisser une IA s’immiscer dans le monde de l’édition. Le chant de l’émotion, fondement de la littérature, ne peut être simulé par une machine. Nous devons résister à cette intrusion, pour préserver l’authenticité de l’art littéraire, pour défendre notre patrimoine culturel. Le coût de la commodité ne devrait pas être l’érosion de la beauté authentique de la littérature humaine.

Il est crucial de prendre conscience de la menace que ces livres représentent pour le marché littéraire. De nombreux auteurs risquent de se retrouver sans emploi face à cette inondation de livres générés par l’IA. Nous avons besoin de transparence de la part des auteurs et des plateformes sur la manière dont ces livres sont produits, sinon nous risquons de nous retrouver submergés par des livres de piètre qualité. Certaines maisons d’édition américaines ont déjà pris des mesures préventives en cessant de recevoir des manuscrits, après avoir eu des soupçons sur l’origine IA de nombreux textes. Clarkesworld Magazine, une publication dédiée aux récits de science-fiction, figure parmi elles.

Il faut aussi évoquer ces auteurs qui exploitent subrepticement Chat GPT, soit en le dissimulant, soit en l’utilisant comme un outil pour structurer ou enrichir leurs histoires. La question demeure ouverte. Et qu’en est-il de la problématique juridique concernant la véritable paternité de ces œuvres ? Étant donné que cette intelligence artificielle tire ses mots de milliards de sources différentes, la question de la propriété intellectuelle se pose même si sa traçabilité s’avère être un véritable casse-tête. Open AI, l’entreprise à l’origine de Chat GPT, n’a pas encore pris de mesures pour réguler ce genre de problèmes tout comme elle n’a pas agi face à son utilisation controversée dans le milieu scolaire. Allons-nous devoir préciser sur les livres « écrit par des humains », à l’instar du label « fait maison » dans les restaurants ? Il est également important de noter l’existence d’IA, basées sur le même modèle, capables de créer des images pour illustrer les livres. Qu’on le considère terrifiant ou révolutionnaire, Chat GPT chamboule le marché de l’édition et la création en général. Il est essentiel de surveiller l’évolution de cette situation.

Face à cette vague d’innovations technologiques, je suis scandalisé. Cette prouesse de l’intelligence artificielle, à savoir la production de textes littéraires, a créé un dilemme personnel insurmontable. J’ai donc décidé de ne plus acheter de livres publiés après janvier 2023 même si, en faisant cela, je pénalise des écrivains authentiques. La littérature a toujours été une affaire d’humain à humain. C’est le reflet de nos émotions, de nos expériences, de notre vécu. C’est un langage universel qui permet de transmettre ce qui ne peut être dit à voix haute, ce qui est trop profond, trop complexe, trop douloureux ou trop joyeux pour être exprimé autrement que par l’écriture. Mais maintenant, nous sommes confrontés à une réalité dans laquelle une machine, dépourvue de toute sensation, de toute émotion, peut générer des textes qui se vendent comme des petits pains.

Je ne peux pas accepter cela. Non pas parce que je crains l’évolution technologique ou que je rejette le progrès. Non, c’est une question d’authenticité, de vérité. Je veux savoir que le livre que je tiens dans mes mains a été écrit par un être humain avec tout ce que cela implique. J’ai besoin de sentir l’âme de l’auteur dans chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe. C’est ce qui fait la beauté de la lecture pour moi. Oui, Bossuet doit se retourner dans sa tombe ! Alors oui, je suis prêt à faire ce sacrifice. Je suis prêt à renoncer aux nouveautés, à m’accrocher aux œuvres classiques, aux auteurs que je connais et que j’admire, à ceux qui sont déjà partis mais qui ont laissé derrière eux des morceaux de leur âme sous forme de mots. Car, après tout, c’est cela la véritable essence de la littérature, n’est-ce pas ?

Je ne veux pas d’une réalité dans laquelle je dois chercher le label « écrit par des humains » sur la couverture d’un livre, comme on cherche la mention « bio » sur un produit alimentaire. La littérature ne doit pas être réduite à cela. J’encourage tous ceux qui partagent mes inquiétudes à faire de même. Protégeons la littérature authentique, celle qui vient du cœur, celle qui est le reflet de notre humanité. Laissons le reste à ceux qui ne voient dans les mots que des codes à déchiffrer, et non l’expression de notre âme ! A l’ instar du capitaine Nemo dont la bibliothèque s’ était figée en 1867, date où il embarqua définitivement dans son célèbre Nautilus, ma bibliothèque se fige en janvier 2023 !

Partager cet article :

Laisser un commentaire