
Sous les voûtes de l’histoire française, un nom résonne plus fortement que d’autres. Cette figure héroïque, c’est Jeanne d’Arc, la sainte guerrière, une femme ordinaire dotée d’une foi extraordinaire. Son histoire et sa mission sont une source d’inspiration pour le combat politique contemporain, mêlant harmonieusement l’ordre naturel et l’ordre surnaturel. Sa devise, « Messire Dieu premier servi », reflète cet équilibre.
Née dans une famille chrétienne, Jeanne d’Arc a été façonnée par l’éducation maternelle et par le soutien d’une paroisse. C’est l’ordre divin, un équilibre subtil entre la création et la grâce. Sa foi solide a émergé de cette fondation, tout comme l’arbre s’épanouit à partir de la graine. C’est le premier ‘miracle’ de son existence. Puis, dans une tournure surprenante, Jeanne d’Arc a fait appel aux institutions légitimes de la nation française : la monarchie, avec sa loi de succession et son caractère sacré, persistant dans la cérémonie du sacre. Ce deuxième ‘miracle’, c’est la réconciliation entre la foi et la politique, l’ordre surnaturel et l’ordre temporel.
Mais toute médaille a son revers, et pour Jeanne, ce fut un sacrifice rédempteur. Brûlée sur le bûcher de Rouen en 1431, son amour pour Dieu l’a emporté sur son amour-propre. Son sacrifice ultime est le prix de la restauration de l’ordre temporel.
Aujourd’hui, en ce jour de fête nationale, nous sommes invités à honorer et à suivre notre héroïne nationale. Jeanne d’Arc nous enseigne la sainteté à travers son obéissance inébranlable et sa docilité. Elle est devenue l’instrument de Dieu pour la libération de la France, occupée par les Anglais et gouvernée par un dauphin désemparé. Sa réponse est venue du cœur d’une jeune femme de vingt ans, résolue à tout endurer pour accomplir la tâche que Dieu lui avait confiée.
Au XVème siècle, au milieu du chaos, Dieu a choisi une vierge inspirée pour redresser le cours de la Chrétienté en danger. Il a sélectionné une simple paysanne pour triompher des diplomates, des savants et des puissants. Jeanne, une jeune paysanne de dix-sept ans, a défié les guerriers et les puissants, a traversé les combats et les bandes de pillards, a emprunté les grandes routes et les rivières, a franchi les ponts-levis pour se rendre jusqu’au roi. En prison à dix-neuf ans, privée de la Sainte Eucharistie, elle a subi un an de cachot, trois mois de procès, puis le supplice du bûcher. Malgré cela, elle est restée fidèle à sa foi jusqu’à son dernier souffle, s’écriant : « Mes voix étaient bien de Dieu ».
L’épopée de Jeanne d’Arc est un mélange de victoires, de captivité et de sacrifice. Elle illustre parfaitement le lien entre l’obéissance et la charité, et brille par sa docilité et son humilité. Comme elle l’a déclaré elle-même : « Sans la grâce de Dieu, je ne saurais rien faire, tout ce que j’ai fait, je l’ai fait par commandement de Notre-Seigneur ». Elle reste pour nous un modèle de perfection chrétienne et une sainte de la politique.
La figure de Jeanne d’Arc, qui a marqué l’histoire de France par son courage et son dévouement inébranlables, est plus pertinente que jamais dans le contexte politique actuel. Cette femme, érigée en sainte par l’église catholique, incarne l’idéal de la charité politique, appelant les nations à revenir à la quête du bien commun qui mène au bonheur céleste. Sa contribution inestimable à la civilisation, saluée par le pape Pie XII, n’est pas seulement reconnue, mais également espérée, comme une nécessité urgente dans notre monde moderne.
Jeanne d’Arc possède une volonté inébranlable de croire, une caractéristique qui se reflète dans sa politique, marquée par l’empreinte divine. Elle invite à une politique engagée dans la réalisation d’un bien commun temporel qui interagit avec la mission de l’Église. Son travail réitère le message de rediriger nos âmes vers le jugement de Dieu, tout en soulignant l’importance de l’intégrité de la terre. Son parcours illustre le lien inextricable entre nature et grâce : un ordre chrétien dans lequel se trouve la paix donnée par le Christ.
La bravoure de Jeanne d’Arc sur le champ de bataille ne passe pas inaperçue. Sa ténacité et son expertise militaire sont impressionnantes. Malgré les blessures et les revers, elle ne recule jamais et n’admet jamais la défaite. Sa foi inébranlable en l’aide divine lui donne la force de surmonter des obstacles apparemment insurmontables. Même en face du bûcher qui consomme son corps, elle proclame que c’est Dieu seul qui a sauvé la France. Cette sainte reste un modèle pour nous en nous mettant en garde contre une complaisance excessive à l’égard des normes du monde. Elle remet en question nos théories et nos pratiques politiques avec sa propre politique qui est l’antithèse de la laïcité qui exclut la foi et le surnaturel de la cité. Jeanne représente l’identité française, une histoire façonnée par l’ordre naturel et divin. En dépit de la puissance du mal, elle agit de manière à ce que la défaite finale de l’ennemi ne soit assurée que par Jésus-Christ seul. La mission temporelle de cette héroïne française est de nature politique, visant à rétablir l’autorité dans la cité, car c’est de celle-ci que découle la relation entre le bien privé et le bien commun. Sa politique est en phase avec la réalité, nous rappelant que nous sommes des êtres dépendants de Dieu. Cette vision de la politique élimine les obstacles humains, elle n’est guidée ni par l’esprit de parti, ni par des intérêts particuliers, mais par l’ordre réel. Comme le disait le pape Pie XI, elle est dirigée vers le plus haut bien et le bien commun.
La Sainte s’engage pour l’intégrité du territoire et l’union essentielle de la politique nationale et de la religion. Son sens aigu du bien commun ne se perd pas dans un océan de religiosité humanitaire. Sa foi et son civisme, enracinés l’un dans l’autre, sont plantés dans le même sol français. Inspirée par Dieu, elle comprend que le religieux et le politique sont indissociables, s’adressant aux mêmes personnes tout en conservant leurs objectifs propres. Les défis auxquels Jeanne d’Arc a été confrontée ne sont pas très différents de ceux auxquels nous faisons face aujourd’hui : invasions étrangères, trahisons, abdication des institutions. La politique de Jeanne d’Arc est d’abord une subordination de l’autorité humaine à l’autorité divine. C’est la fidélité de la nation à elle-même, à son intégrité morale et matérielle. C’est l’amour du peuple dans l’harmonie des libertés naturelles garanties par l’autorité.
La mission de Jeanne continue, ses voix nous dictent d’aller hardiment au combat que Dieu réclame de nous. Avec des cœurs dépouillés des péchés, des cœurs « doux et humbles » à l’image du Cœur Sacré de Jésus mais en même temps magnanimes, le message est toujours actuel. A la suite de Jeanne, Dieu attend notre générosité, l’élan de notre charité et Il nous donne gratuitement la grâce d’accomplir, non ce qui vient uniquement de nous, mais ce qui naît directement de lui. Sainte Jeanne d’Arc et la cohorte de nos héros nationaux, en tous temps de notre histoire nous en fournissent la preuve et la conviction d’un combat utile et à l’heure de Dieu victorieux.