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La France face à la crise économique : analyse d’une décennie troublée.

La France face à la crise économique - analyse d'une décennie troublée.

La France était autrefois connue pour son robuste secteur industriel, son marché de l’emploi dynamique et sa solidité financière. Nous voyons maintenant ce même pays confronté à la disparition de centaines de milliers d’emplois industriels, une montée alarmante du chômage et une dette publique vertigineuse. Non, ce n’est pas le scénario d’un film catastrophe, c’est la réalité économique de la France au cours de la dernière décennie.

De la désindustrialisation accélérée à la dégradation de la note de la dette, la France a traversé une période économiquement tragique. Dans ce contexte, la question se pose : comment un pays autrefois florissant a-t-il pu sombrer dans une telle crise ? Plongeons-nous dans le vif de ces défis économiques pour comprendre les maux qui rongent l’économie française et analysons quelques chiffres. Vous en trouverez les sources en bas de cet article.

Dans la tourmente de la crise économique, la France a assisté à une érosion rapide de son secteur industriel. Entre 2008 et 2016, le pays a vu disparaitre près de demi-million d’emplois industriels, un contraste frappant avec l’Allemagne voisine qui a su créer 129 000 nouvelles opportunités dans le même secteur durant cette période. Ce climat économique a engendré une détérioration du marché de l’emploi. La France a souffert d’un taux de chômage structurel significatif, avec un taux d’emploi salarié en deçà des normes généralement observées dans des pays comparables. La situation s’est encore aggravée sous les mandats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, ce dernier ayant fait de l’emploi l’un de ses thèmes majeurs de campagne. De mai 2012 à mars 2015, le nombre de demandeurs d’emplois a augmenté de 28 %, atteignant 5 590 600. Plus alarmant encore, le chômage de longue durée a littéralement explosé.

La crise a laissé des traces indélébiles sur les finances publiques. Incapable de réduire les dépenses de l’État et aux prises avec des déficits chroniques, la dette publique de la France a atteint des niveaux record. En juin 2015, elle s’élevait à 2 105,4 milliards d’euros, soit 97,6 % du PIB. Ce chiffre n’inclut que la dette publique, la dette globale totale du pays incluant également les dettes hors bilan de l’État, les dettes bancaires et les dettes des sociétés non financières et des ménages. Ces développements ont conduit à une dégradation de la note de la dette française par les agences de notation Standard & Poor’s et Moody’s.

Cette situation économique morose a eu des répercussions sur le commerce extérieur. En 2016, la France est descendue à la 7e place des pays exportateurs, devancée par la Corée du Sud. Le déficit commercial a augmenté de plus de trois milliards d’euros pour dépasser les 48 milliards d’euros, tandis que l’Allemagne affichait un excédent commercial record de 252,6 milliards d’euros. En 2021, le déficit commercial atteint un record absolu avec 84,7 milliards d’euros, soit 3,4% du PIB. Dans ce contexte, la richesse est de plus en plus concentrée : en 2018, la fortune cumulée des 500 individus les plus riches de France représente près de 30% du PIB du pays, une hausse fulgurante par rapport à 2009 où elle n’était encore que de 10%. Une preuve supplémentaire, si besoin est, de l’aggravation des inégalités au sein de la société française dans le sillage de la crise économique.

L’année 2020 est marquée par une tempête économique qui secoue le monde entier, laissant des cicatrices profondes dans le paysage économique de nombreux pays avancés. La France, malheureusement, n’a pas échappé à cette tourmente. Tandis que les confinements imposés par la crise sanitaire freinaient brutalement l’activité, le spectre du chômage se faisait plus menaçant que jamais. Dans le même temps, la compétitivité du pays s’est détériorée plus rapidement que celle de ses voisins de la zone euro. Mais ce qui est plus inquiétant, ce sont les chiffres alarmants de la dette publique et du déficit. Des niveaux jamais atteints depuis 1949 : la dette publique a explosé pour atteindre 115,7 % du PIB, soit un total effarant de 2 650,1 milliards d’euros. Le déficit, quant à lui, a grimpé à 9,2%, soit 211,5 milliards d’euros. L’année 2020 a vu également le déficit de la balance commerciale s’aggraver de plus de 7 milliards d’euros pour atteindre 65 milliards d’euros. La part de la France dans les exportations de la zone euro a atteint son plus bas niveau depuis deux décennies.

Deux ans plus tard, en 2022, la situation économique n’a fait qu’empirer. Le déficit de la balance commerciale a atteint un niveau record de 164 milliards d’euros. Plusieurs facteurs ont contribué à cette situation, notamment l’augmentation des prix de l’énergie, la dépréciation de l’euro et la faiblesse persistante de l’industrie française. Le secteur de l’automobile a été particulièrement touché, enregistrant un déficit de 19,9 milliards d’euros.

En avril 2023, la situation de la France a provoqué une réaction de l’agence de notation Fitch, qui a abaissé la note du pays à « AA-« , préoccupée par « l’impasse politique et les mouvements sociaux, parfois violents » sur le sol français. Cette décision souligne l’inquiétude grandissante autour de l’état économique de la France et soulève des questions sur la manière dont le pays pourra surmonter cette crise. La trajectoire économique de la France ces dernières années est plus qu’inquiétante. Confronté à une cascade de défis, notamment la désindustrialisation, une montée en flèche du chômage, des déficits commerciaux croissants et une dette publique vertigineuse, le pays semble s’enfoncer dans une spirale de dégradation économique. Cette sombre réalité est mise en évidence par les agences de notation internationales qui, en abaissant les notes du pays, signalent une confiance de moins en moins grande dans la capacité de la France à renverser la vapeur. Ces signaux d’alarme, ainsi que les tensions sociales internes, laissent présager un avenir économique difficile.

Avec un secteur industriel en déclin, une balance commerciale déficitaire et des mouvements sociaux qui témoignent d’un mécontentement croissant, la France semble se diriger vers un avenir économique de plus en plus incertain. Il est impératif de trouver des solutions durables à cette crise qui ébranle non seulement l’économie, mais aussi le tissu social du pays. Mais, compte tenu de la complexité et de l’ampleur de ces défis, la route vers la reprise économique s’annonce longue et ardue. Il faudra du courage, de la détermination et de l’innovation pour surmonter cette épreuve et reconstruire une économie française solide. Pour l’instant, cependant, le tableau reste sombre, et il semble que le pays soit encore loin de voir la fin de ce tunnel économique.

Quelques sources :

« Chômage : Hollande a fait pire en 3,5 années que Sarkozy en 5 ans. » lefigaro.fr, 18 janvier 2016.

« Le chômage plombe le bilan de François Hollande », latribune.fr, 6 mai 2015

« La dette française à 2 100 milliards : pourquoi c’est vraiment grave. » lefigaro.fr, 30 septembre 2015

« 3 200 milliards d’euros : la dette française cachée dont on ne parle pas. » lefigaro.fr, 11 juin 2015

« La dette privée bancaire est en réalité de la dette publique », entretien Jean Tirole, latribune.fr, 13 octobre 2014

« Le fardeau de l’endettement total », Yann Henry, contrepoints.org, 10 décembre 2012

« L’endettement des sociétés non financières atteint 68 % du PIB », banque-france.fr, 15 janvier 2016

« La France perd sa place de 6e exportateur mondial au profit de la Corée », lefigaro.fr, 1er juin 2016

« Le déficit commercial français a atteint 84,7 milliards d’euros en 2021, un record absolu », lefigaro.fr, 8 février 2022

« La France essuie le pire déficit commercial de son histoire en 2022 », lesechos.fr, 7 février 2023

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