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Le Père Thonnard : le philosophe de Dieu.

Le Père Thonnard - le philosophe de Dieu

François-J. Thonnard, un religieux de la Province de Belgique-Sud, voit le jour le 5 novembre 1896 à Barvaux-sur-Ourthe, dans le Luxembourg belge. Dès son plus jeune âge, il se passionne pour le latin qu’il apprend auprès du curé de son village. En 1910, il rejoint l’alumnat de Bure, avant de poursuivre ses études en Suisse à Ascona. En 1913, alors âgé de 17 ans, il entre au noviciat de Limpemberg, au Luxembourg, mais la guerre éclate et interrompt son parcours. Malgré les difficultés, il ne renonce pas à ses études même lorsqu’il doit se consacrer à des travaux manuels pour survivre. Il poursuit ses études de philosophie et de théologie à Louvain où il est ordonné prêtre en 1922 par Mgr Nicotra, nonce apostolique à Bruxelles.

Dès lors, il entame une carrière d’enseignant, d’abord à Taintegnies, puis à Louvain et enfin à Saint-Gérard. Il se distingue par sa capacité à rendre les concepts les plus abstraits accessibles à tous. En 1939, il devient supérieur à Saint-Gérard où il fait face aux défis de la seconde guerre mondiale. En 1946, il est remplacé par le Père Joseph Maurissen mais reprend ses fonctions en 1948. En 1952, il rejoint l’équipe des Etudes augustiniennes en France où il continue à enseigner l’histoire de la philosophie. Il se consacre également à la recherche et à la publication notamment sur saint Bernard et saint Thomas d’Aquin. Il est également un fervent disciple de saint Augustin, dont il traduit et commente les œuvres.

En dépit de sa grande érudition, le Père Thonnard est avant tout un homme de foi profonde. Il parvient à synthétiser la doctrine spirituelle de saint Augustin dans son Traité de vie spirituelle à l’école de saint Augustin, publié en 1959. En 1963, il célèbre son jubilé d’or d’entrée au noviciat, et en 1968, ses 50 ans de profession religieuse. Hélas, sa santé se dégrade et il est atteint d’artériosclérose au cerveau. Il retourne à Saint-Gérard en 1969 et y décède le 1er mai 1974, après une longue maladie. Il est inhumé à Saint-Gérard le 4 mai.

François-J. Thonnard a abordé la philosophie avec une profondeur et un respect qui ont marqué sa carrière et sa vie. Son dévouement à l’étude et à l’enseignement de celle-ci, en particulier celle de saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin, a été un élément central de sa vocation. Il a su rendre les concepts philosophiques abstraits accessibles à ses étudiants, ce qui témoigne de sa compréhension profonde et de sa passion pour la philosophie. Il avait le don de présenter une idée sous différents angles, rendant ainsi l’enseignement le plus abstrait clair et compréhensible. Thonnard n’était pas seulement un enseignant mais aussi un contributeur actif à la philosophie par ses propres écrits et recherches. Son Précis de philosophie, publié en 1937, a été largement reconnu et a renforcé sa réputation dans le monde académique. Cet ouvrage a été salué pour sa clarté et sa profondeur et a été utilisé comme une ressource précieuse par de nombreux étudiants en philosophie. De plus, Thonnard a révisé et enrichi de nombreuses œuvres publiées par la Bibliothèque Augustinienne, apportant sa propre expertise et son éclairage à ces textes.

Mais, pour notre religieux, la philosophie n’était pas seulement une discipline académique. Il la voyait aussi comme un moyen d’approfondir sa foi et sa spiritualité. Il a réussi à synthétiser la doctrine spirituelle de saint Augustin dans son « Traité de vie spirituelle à l’école de saint Augustin ». Ce travail montre comment il a intégré la philosophie dans sa vie spirituelle en utilisant les enseignements de saint Augustin pour guider sa propre quête spirituelle. Il a souligné l’importance de la charité dans la spiritualité augustinienne, affirmant que « Tous les aspects de la spiritualité augustinienne se rejoignent dans la charité. L’amour, en ce sens, est aussi le poids qui les entraîne, l’esprit qui les fait vivre et qui les harmonise en une parfaite unité ».

Mais revenons sur le « Précis de Philosophie » de ce brillant religieux. Voilà un travail monumental qui a non seulement défini sa carrière académique mais encore a également laissé une empreinte indélébile dans le domaine de la philosophie. Ce manuel est devenu un pilier de l’étude philosophique largement reconnu pour sa clarté exceptionnelle, sa profondeur intellectuelle et sa capacité à rendre les concepts philosophiques abstraits accessibles à un public plus large. Il couvre un éventail impressionnant de sujets philosophiques, allant de la métaphysique complexe à l’éthique nuancée, en passant par la philosophie de l’esprit et la philosophie de la religion. Chaque sujet est abordé avec une rigueur systématique doublée d’ une profondeur intellectuelle reflétant l’engagement de Thonnard à présenter chaque aspect de la philosophie de manière détaillée et approfondie. Pour soutenir ses arguments et éclairer les concepts qu’il explore, Thonnard s’appuie sur une variété de sources, y compris les œuvres de grands philosophes tels que saint Augustin et saint Thomas d’Aquin ainsi que d’autres penseurs importants de la tradition philosophique.

Un aspect particulièrement remarquable du « Précis de Philosophie » est la capacité de Thonnard à rendre les concepts philosophiques abstraits accessibles à ses lecteurs. Il a le don de présenter une idée sous différents angles, rendant ainsi l’enseignement le plus abstrait clair et compréhensible. Cette capacité à démystifier les concepts philosophiques complexes a rendu son ouvrage particulièrement utile pour les étudiants en philosophie et pour ceux qui cherchent à comprendre les concepts philosophiques complexes.

Mais pourquoi Thonnard a t’ il souhaiter relire la pensée de son époque à l’ aune de la pensée de Saint Thomas d’ Aquin ? Pourquoi s’ être ainsi fixé sur cette pensée thomiste et non pas sur des innovations personnelles comme la plupart des philosophes modernes et contemporains ?

Premièrement parce que le thomisme est une philosophie qui cherche à réconcilier la foi et la raison, ce qui était en accord avec la propre approche de Thonnard. Saint Thomas d’Aquin a soutenu que la foi et la raison sont deux voies vers la vérité et que, correctement comprises, elles ne peuvent pas être en contradiction. Thonnard a partagé cette conviction et a utilisé le thomisme comme un moyen d’explorer et de défendre cette idée. Deuxièmement, le thomisme offre une vision du monde et de l’existence humaine qui est à la fois profonde et complète. Il aborde des questions allant de la métaphysique à l’éthique, de la connaissance à la politique. Thonnard a été attiré par cette vision globale et a donc utilisé le thomisme comme une base pour son propre travail philosophique et théologique afin de créer une véritable vision systématique de la réalité. Troisièmement, le thomisme a une longue tradition dans l’Église catholique et a été soutenu par plusieurs papes comme une philosophie qui est particulièrement en accord avec l’enseignement de l’Église. Thonnard, en tant que prêtre et théologien catholique, a défendu le thomisme comme une partie importante de la tradition intellectuelle de l’Église. Pour terminer, nous dirons que Thonnard a défendu le thomisme parce qu’il le considérait comme une philosophie qui est à la fois profondément rationnelle et profondément spirituelle. Il a vu dans le thomisme une philosophie qui peut aider les gens à comprendre le monde et à vivre de manière plus pleine et plus significative. Pour Thonnard, le thomisme n’était pas seulement une philosophie académique mais avant tout une vie de l’ esprit plongé dans la contemplation de sa Cause première : Dieu.

Ainsi, après être passé sur cette terre en voulant la comprendre à la lumière du Ciel, il a rejoint le Ciel avec une profonde compréhension de cette terre.

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