
C’ est en 1946 que l’ Humanité est entrée dans l’ ère électronique lorsque naquit le premier ordinateur appelé ENIAC (Electrical Numerical Integrator and Calculator). De l’ ère électrique et appuyée sur elle émergea l’ ère électronique qui nous conditionne aujourd’hui. Cette ère a connu quelques tournants majeurs tels l’ invention du transistor qui participa à la miniaturisation des machines dans les années 60, l’ apparition du premier PC domestique en 1981, la naissance de l’ internet public et des premiers téléphones portables au début des années 90, le Web 2.0 en 2003, les smartphones en 2010…
Nos années 2020, quant à elles, sont marquées par l’ arrivée de ce que l’ on appelle les « assistants personnels » dont l’ essence et l’ efficacité repose sur les progrès effectués en matière d’ intelligence dite « artificielle ». Or il semble qu’ un saut paradigmatique aussi puissant que celui qui fit passer du téléphone portable à touches au smartphone des années 2010 a eu lieu avec la mise au point du fameux « Chat GPT » par la société « Open AI ». Ce système intelligent de maîtrise du langage a été entraîné par la technique dite de « machine learning » et fortement nourrie par des millions de documents textuels issus eux-mêmes du web.
« Un ordinateur mériterait d’ être qualifié d’ intelligent s’ il pouvait tromper un humain en lui faisant croire qu’ il est humain. » Alan Turing.
« Il semble probable qu’ une fois que la méthode de pensée de la machine aura commencé, il ne faudra pas longtemps pour qu’ elle dépasse nos faibles pouvoirs » Alan Turing.
Capable d’ associer des concepts, d’ écrire des lignes de code informatique, de réaliser des synthèses et des courriers ainsi que toutes formes d’ écrits, cette nouvelle technologie et ses futurs descendants sont en train de déclencher une très considérable révolution tant sur le plan de la structure des entreprises que sur la vie économique de la société toute entière.
Dans l’ ordre historique, je classe la révolution de l’ I.A. non pas comme la quatrième révolution industrielle mais comme la cinquième. En effet, c’ est entre 1770 et 1830 que les machines à vapeur déclenchèrent la première révolution industrielle. La deuxième révolution fut causée entre 1880 et 1914 par l’ apparition de l’ électricité exploitable. La troisième révolution fut celle de l’ informatique de 1946 à la fin des années 1980. La quatrième révolution, elle, peut se situer entre 1991 et 2003 correspond avec la naissance d’ Internet et le passage Web 1.0 au Web 2.0 en 2003.
Il est donc logique de qualifier de cinquième révolution industrielle (et même post-industrielle) cette nouvelle modification du paysage paradigmatique à laquelle nous assistons et qui nous emporte tout en préparant la destruction d’ un nombre considérable d’ emplois.Selon Erwann Tison, économiste de l’ Institut Sapiens, un métier est menacé dès lors que 70% des actes qui lui sont associés peuvent être automatisés.
En 2019, voici trois ans, l’ OCDE prédisait que 15% des emplois seraient anéantis par l’ I.A. dans un délai de 15 ans. Permettez-moi de penser que l’ estimation émise par cette vénérable institution internationale est très largement sous-évaluée.
Le secteur des postes et des banques, les caissiers de supermarchés, les assurances, les services clients, les chauffeurs, les livreurs, les manutentionnaires, les techniciens de surface, les comptables, les auditeurs internes, les secrétaires, les traducteurs, etc… sont clairement mis en périls à moyen terme.
Alors, bien sûr, on pourra se révolter, crier au scandale, manifester…. Cela ne changera strictement rien. En effet, la constante universelle dans toute l’ histoire humaine est le progrès technologique et aucune contestation ne pourra lui opposer un frein durable.
Face à ces transformations, les sociétés humaines vont devoir, in fine, reconsidérer la notion de salaire ainsi que la conception classique du rapport entre le fait de travailler et celui de recevoir de la monnaie en échange. Cette cinquième révolution industrielle va certainement remettre en cause sociétalement la notion de salaire ainsi que le rôle des citoyens non qualifiés. Faudra t’ il inventer une nouvelle taxe que je qualifierais de « Taxe sur la valeur cybernétique ajoutée » afin de créer un fonds d’ investissement alimenté par la valeur produite par ces automates dans le but de rémunérer les inactifs ?
Voilà un enjeu de civilisation qui sera probablement résolu par… l’ intelligence artificielle !