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Monseigneur Antônio de Castro Mayer (1904-1991) : le « non » définitif au modernisme.

Monseigneur Antônio de Castro Mayer (1904-1991) - le non définitif au modernisme

Dans l’histoire de l’église catholique au Brésil, le nom d’Antônio de Castro Mayer émerge comme une figure légendaire et controversée. Né dans la région de Campinas, São Paulo, le 20 juin 1904, l’histoire de sa vie et de son sacerdoce se conclut dans la ville de Campos, à Rio de Janeiro, où il rendit son dernier souffle le 26 avril 1991.

Monseigneur de Castro Mayer fut un acteur clé du Coetus Internationalis Patrum lors du concile Vatican II, un rassemblement de prélats attachés aux traditions qui exprimèrent des réserves sur les réformes proposées. Son engagement à la tradition liturgique et sa volonté farouche de sauvegarde de la Tradition lui ont fait un nom non seulement au Brésil, mais aussi sur la scène ecclésiastique internationale.

Il était tout d’ abord un savant ayant étudié la théologie à l’Université Grégorienne de Rome où il obtint son doctorat. Il revint au Brésil et fut ordonné prêtre le 30 octobre 1927, faisant de lui un fidèle serviteur de l’église pendant près de 64 ans. En tant que prêtre du diocèse de São Paulo, il assuma différentes responsabilités : enseignant au séminaire, chanoine de la cathédrale, puis curé de la paroisse Saint-Joseph de Belem. Il fut ensuite promu vicaire général de l’archidiocèse de São Paulo. En mars 1948, Castro Mayer fut nommé évêque coadjuteur de Campos, une position qui le plaça en deuxième ligne pour la succession de l’évêque en place. Son sacrement en tant qu’évêque se déroula le 23 mai 1948, et quelques mois plus tard, le 3 janvier 1949, il fut installé comme évêque de Campos. C’est à ce poste qu’il assista au concile Vatican II, jouant un rôle critique dans les débats sur la liberté religieuse.

Il fit alliance avec Mgr. Marcel Lefebvre au sein du Coetus Internationalis Patrum, deux hommes partageant une vision similaire de la liturgie et du catholicisme. Lors de l’introduction de la réforme liturgique de 1969, Castro Mayer obtint l’autorisation de conserver le rite tridentin traditionnel dans son diocèse, une décision qu’il défendit publiquement en 1981 dans la revue Fideliter. Vous trouverez ci-dessous le texte du courrier qu’ il adressa à Paul VI afin de maintenir la Messe Traditionnelle dans son diocèse. Il souligna que conformément à la constitution conciliaire du Vatican II sur la liturgie, les prêtres de son diocèse devaient continuer à célébrer la messe en latin. Il affirma également que, selon le même document, tous les rites légitimement reconnus devaient être préservés et encouragés, ce qui inclut la messe traditionnelle, communément appelée la messe « tridentine ». Cette dernière était totalement célébrée dans les paroisses de son diocèse.

Monseigneur de Castro Mayer était présent à Ecône aux côtés de Mgr Lefebvre lors des sacres épiscopaux controversés du 30 juin 1988. Il exprima son soutien total à Mgr Lefebvre, affirmant qu’ils buvaient tous deux à la même source, celle de la Sainte Église Catholique, Apostolique et Romaine.

Après sa retraite, Monseigneur de Castro Mayer trouva refuge au sein de l’Union Saint-Jean-Marie-Vianney dans le diocèse de Campos. C’est là qu’il passa les dernières années de sa vie continuant à influencer l’église de son diocèse et bien au-delà, jusqu’à son décès en 1991. Sa vie et son œuvre restent un héritage important pour l’histoire de l’église catholique au Brésil et dans le monde.

Voici la missive que ce courageux évêque envoya à Paul VI afin de préserver la pureté de la liturgie dans son diocèse :

Septembre 1969,

Très Saint Père,

Ayant examiné attentivement le « Novus Ordo Missae », qui doit entrer en vigueur le 30 novembre prochain, après avoir beaucoup prié et réfléchi, j’ai jugé de mon devoir, comme prêtre et évêque, de présenter à Votre Sainteté, mon angoisse de conscience, et formuler, avec la piété et la confiance filiales que je dois au Vicaire de Jésus-Christ, une supplique.

Le « Novus Ordo Missae », tant par les omissions et changements introduits dans l’Ordinaire de la Messe, que par un grand nombre de ses normes générales indiquant le concept et la nature du nouveau Missel, n’exprime pas, dans ses points essentiels, comme il le devrait, la Théologie du Saint Sacrifice Eucharistique, établie par le Sacré Concile de Trente, dans sa session XXIIe. Fait, que le simple catéchisme ne parvient pas à contrebalancer. En annexe, je joins les raisons qui, je le pense, justifient cette conclusion.

Les raisons d’ordre pastoral qui, éventuellement, pourraient être invoquées en faveur de la nouvelle structure de la Messe, en premier lieu, ne peuvent arriver à faire oublier les arguments d’ordre dogmatique qui militent en sens contraire. De plus, ils ne paraissent pas conséquents. Les changements qui ont précédé et préparé le « Novus Ordo » n’ont pas contribué à augmenter la Foi et la piété des fidèles. Au contraire, ils nous ont laissés remplis d’appréhension, appréhension que le « Novus Ordo » a augmentée. Par voie de conséquence, a été favorisée l’idée qu’il n’y a rien d’immuable dans la Sainte Eglise, pas même le Très Saint Sacrifice de la Messe.

En outre, comme je le signale dans les annexes ci-jointes, le « Novus Ordo » non seulement n’inspire pas la ferveur, mais encore il exténue la foi dans les vérités centrales de la vie catholique, telle la présence réelle de Jésus dans le Très Saint Sacrement, la réalité du sacrifice propitiatoire, le sacerdoce hiérarchique.

J’accomplis ainsi un impérieux devoir de conscience, demandant humblement et respectueusement à Votre Sainteté qu’Elle daigne, par un acte positif qui élimine tout doute, nous autoriser à continuer à user de l’ « Ordo Missae » de S. Pie V, dont l’efficacité dans le développement de la Sainte Église et l’accroissement de la ferveur des prêtres et des fidèles, est rappelée, avec tant d’onction, par Votre Sainteté.

Je suis sûr que la Bienveillance Paternelle de Votre Sainteté ne laissera pas d’éloigner les perplexités que j’ai dans mon coeur de prêtre et d’évêque.

Prosterné aux pieds de Votre Sainteté, avec obéissance humble et piété filiale, j’implore la Bénédiction Apostolique.

+ Antonio de Castro Mayer
Évêque de Campos (Brésil)

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