Je me propose d’entamer une petite exploration de la vie et des opinions politiques de Démosthène, une figure emblématique de l’antiquité grecque, qui a marqué de son empreinte l’arène politique d’Athènes en particulier et de la Grèce en général. Né en 384 avant notre ère et disparu en -322 à l’ instar du grand Aristote, Démosthène a grandi dans une Athènes où les tensions avec le royaume de Macédoine, sous la houlette de Philippe II, mettaient en péril l’autonomie et la suprématie de la cité. C’est dans ce contexte tumultueux que Démosthène embrassa la carrière de rhéteur avec une détermination à servir les intérêts d’Athènes.
Dès son plus jeune âge, il manifesta un talent oratoire exceptionnel, bien que freiné par des problèmes d’élocution qu’il surmonta avec une détermination acharnée, faisant de lui l’un des plus grands orateurs de son époque. Son engagement envers la cité d’Athènes le poussa à élaborer et à soutenir des théories politiques qui, à ses yeux, devaient préserver la liberté et l’autonomie de la cité face à l’expansionnisme macédonien.
Au cœur de la pensée politique de Démosthène résidait la notion de liberté des cités grecques et l’opposition farouche à la tyrannie, incarnée, selon lui, par Philippe II de Macédoine. Ses discours, notamment les Philippiques et les Olynthiennes, reflètent son inquiétude grandissante face à la menace macédonienne et sa volonté de galvaniser le peuple athénien et les alliés de la cité contre cette menace. Sa rhétorique pugnace et enflammée visait à éveiller dans le cœur des citoyens un sentiment patriotique et un engagement en faveur de la défense de la démocratie athénienne. La théorie politique de Démosthène se caractérisait également par une défense vigoureuse de la démocratie, qu’il considérait comme le seul régime politique capable d’assurer la liberté et l’égalité des citoyens. Il prônait une participation active des citoyens à la vie politique, et exhortait ses compatriotes à prendre en main le destin de leur cité. Il était convaincu que l’engagement citoyen était un rempart contre l’oppression et il voyait dans la démocratie athénienne un modèle à défendre et à préserver.
Cependant, notons que Démosthène, bien qu’un fervent défenseur de la démocratie athénienne, n’était pas aveugle aux faiblesses et aux défauts du système. Il était préoccupé par l’apathie politique et le manque d’engagement des citoyens dans la gouvernance de la cité car il croyait que la démocratie ne pouvait fonctionner efficacement que si les citoyens étaient activement impliqués dans la prise de décision politique. Il critiquait également la corruption qui sévissait parmi les politiciens et les orateurs publics de son époque, voyant en elle une menace sérieuse pour l’intégrité et la stabilité de la démocratie.
Démosthène était aussi très critique envers les orateurs démagogues qui manipulaient l’opinion publique pour servir leurs intérêts personnels plutôt que le bien commun. Il s’opposait à la manipulation de la rhétorique pour induire en erreur les citoyens et miner le processus démocratique. Dans la même veine, il soulignait vertement le manque de préparation militaire et l’incapacité d’Athènes à mobiliser des ressources suffisantes pour faire face aux menaces militaires. Il était également préoccupé par l’influence disproportionnée des riches et des puissants sur la politique athénienne au détriment de l’intérêt général.
En dépit de ses efforts acharnés, Démosthène ne put empêcher la domination macédonienne, symbolisée par la victoire de Philippe II à la bataille de Chéronée en 338 avant notre ère. Les idéaux politiques de Démosthène, toutefois, continuèrent à résonner bien au-delà de son époque en influençant de manière significative les théories politiques ultérieures et la conception de la démocratie.
