
Dans le cœur sombre de l’économie française, un leitmotiv résonne, sourd et effrayant : la charge de la dette publique. En mars de cette année, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé avec une gravité palpable que d’ici 2027, ce fardeau colossal deviendra la plus lourde dépense de l’État. Cette assertion n’est pas sans rappeler le cri d’un hibou dans une nuit silencieuse et froide, un cri effrayant !
La charge de la dette, qui était estimée à 46,3 milliards d’euros en 2022, et 41 milliards en 2023, va grossir comme une avalanche qui dévale une montagne, son volume augmentant de façon vertigineuse pour atteindre 71,2 milliards d’euros en 2027 ! C’est une hausse qui éclipse même la précédente prévision, elle-même stupéfiante, de 10 milliards d’euros supplémentaires par rapport à l’été dernier. Pour mettre cette somme en perspective, c’est quasiment le même ordre de grandeur que le déficit actuel du système des retraites, attendu à 13,5 milliards d’euros d’ici 2030… Cette montée vertigineuse de la charge de la dette est alimentée par l’augmentation des taux d’intérêt. Face à l’inflation croissante, la Banque centrale européenne (BCE) a été contrainte d’adopter une politique de resserrement monétaire en augmentant rapidement ses taux directeurs. Ces taux directeurs déterminent les taux d’intérêt auxquels la France emprunte sur les marchés financiers. Les taux d’intérêt à long terme des obligations françaises, les OAT à 10 ans, sont attendus en moyenne annuelle à 3,2% cette année et devraient grimper jusqu’à 3,4% selon les prévisions de l’Agence France Trésor.
Et pendant que la France s’efforce de s’adapter à ces changements, la menace de l’inflation reste omniprésente. Malgré le ralentissement attendu de l’inflation, avec une prévision de 4,9% en moyenne annuelle en 2023, le spectre de l’inflation continue de planer sur l’économie, comme un vautour dans le ciel, attendant sa prochaine proie. Notons que nous ne croyons pas à ce chiffre affiché d’ une inflation de 4,9 % en 2023 : un petit tour dans les supermarchés suffira à vous convaincre ! Pour nous, celle-ci reste supérieure à 10% !
La France n’est pas seule dans ce combat. Tous les États de la zone euro sont confrontés à une augmentation similaire des taux d’intérêt. Cependant, la France, avec une émission de dette de 270 milliards d’euros en 2023, se trouve en première ligne de ce combat titanesque. Il y a une ironie tragique dans le fait que, il y a à peine un an, nous proclamions la fin du « quoi qu’il en coûte », alors que la France empruntait encore à un taux de 1%. Aujourd’hui, ce taux est de plus de 3%. Nous sommes à un carrefour critique, celui de la fin de l’argent gratuit et de l’impératif du désendettement de la France.
Gabriel Attal, le ministre de l’Action et des Comptes publics, résume parfaitement la situation : 71,2 milliards d’euros. C’est le poids estimé des intérêts de la dette d’ici à 2027, une somme qui plane sur la tête de la France comme une épée de Damoclès, prête à tomber. La situation de la dette publique française est un drame en plusieurs actes. Chaque hausse du taux d’intérêt, chaque augmentation de la dette, chaque annonce de nouvelles dépenses ajoute un nouveau chapitre à cette tragédie en cours et un nouveau clou dans le cercueil de la nation.
Une lourde dette publique est une épée à double tranchant pour n’importe quel État. D’un côté, l’emprunt peut permettre des investissements substantiels dans l’infrastructure, l’éducation, la santé et d’autres domaines clés, générant potentiellement une croissance économique à long terme. Cependant, de l’autre côté, une dette excessive présente plusieurs risques importants.
Tout d’abord, il faut comprendre que plus la dette est élevée, plus les intérêts à payer sur cette dette seront conséquents. Ces paiements d’intérêts absorbent une part substantielle du budget de l’État, limitant ainsi sa capacité à investir dans les services publics essentiels et à répondre aux urgences financières imprévues. Lorsque les taux d’intérêt augmentent, comme c’est le cas dans l’exemple de la France que nous avons évoqué précédemment, le fardeau du service de la dette peut rapidement devenir insoutenable. Ensuite, une dette publique élevée peut entraver la croissance économique. Les économistes débattent de l’ampleur et du caractère précis de cet effet mais plusieurs mécanismes potentiels peuvent entrer en jeu. Par exemple, si le gouvernement doit emprunter une grande partie des ressources disponibles, cela peut « évincer » les investissements privés, en augmentant les taux d’intérêt et en rendant plus difficile pour les entreprises et les ménages d’emprunter. De plus, l’incertitude sur la manière dont la dette publique sera remboursée – que ce soit par une augmentation des impôts, une réduction des dépenses publiques ou une inflation accrue – peut freiner la consommation et l’investissement.
Notons de surcroît qu’une dette publique élevée peut rendre un pays plus vulnérable aux crises économiques et financières. Dans des situations extrêmes, si les investisseurs commencent à douter de la capacité d’un pays à rembourser sa dette, ils peuvent être réticents à prêter davantage d’argent, ce qui peut déclencher une crise de la dette souveraine. Ces crises peuvent être extrêmement destructrices conduisant à de profondes récessions et à une forte instabilité économique. Une dette publique importante peut également limiter la capacité d’un gouvernement à mener une politique fiscale efficace. Par exemple, en période de récession, il est souvent judicieux pour le gouvernement de stimuler l’économie en augmentant les dépenses ou en réduisant les impôts. Cependant, si la dette est déjà à un niveau élevé, le gouvernement peut être réticent à emprunter davantage, limitant ainsi sa capacité à répondre efficacement à la crise économique.
Il convient enfin de noter que la dette publique est finalement une charge qui sera transmise aux générations futures. Si la dette est utilisée pour financer des investissements qui stimulent la croissance à long terme, comme l’éducation et l’infrastructure, cela peut être justifiable. Cependant, si la dette est utilisée pour financer les dépenses courantes, cela peut imposer un fardeau injuste aux générations futures.
Dans l’ensemble, une dette publique élevée peut présenter des risques significatifs pour un État. Cela ne signifie pas que tous les emprunts sont mauvais – loin de là – mais il est crucial que les gouvernements gèrent leur dette de manière responsable en veillant à équilibrer les besoins d’aujourd’hui avec les exigences de demain. A la fin des fins, qui paiera ? Dites moi, qui ?